Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/223

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d’alcool et rit fièrement parce que le maillot fume à la chaleur de son corps.

— Le poêle est bon ! jure-t-il en se claquant le thorax.

Mais ces jours-là, quand il voulait rentrer chez lui, brûlé par l’effort et l’eau-de-vie, il s’écroulait au bord de la route en bafouillant :

— Ma belle douce… ma câline… avec mes bras !… oh la garce ! la garce !…

P’tit Pierre demeurait consterné devant l’idole abattue. Un homme à terre, l’ivrogne surtout, cela crie la déchéance. P’tit Pierre le sentait vaguement en présence de Tonnerre, bien qu’il aimât à suivre les autres soulards en riant et se moquant avec ses camarades.

Il rentrait à la maison pour ne pas voir. Seulement de temps à autre, il escaladait les rochers, au fond du jardin, et regardait par-dessus le mur, si son ami, le fou de la mer, avait regagné sa cabane.

Malgré cela, chaque fois que la mer s’enflait de colère, P’tit Pierre allait trouver le vieux s’il ne descendait pas de lui-même à la côte.

— Tu l’entends, disait-il.

Et Tonnerre comprenait, se levait et marchait vers Elle, accompagné par le gamin dont le cœur bondissait de joie héroïque dans la poitrine.