Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/225

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L’atmosphère pesait. Depuis un mois, le soleil des grands étés cuisait la terre comme une poterie. Dans le marais le sol craquelé s’envolait en poussière, et le sel croûtait largement sur les salines. Bonne année pour l’île dont le sel et la pomme de terre font la richesse.

Peu à peu la chaleur cependant s’amassait en orages. L’horizon s’alourdissait d’une brume pesante où stagnaient, du côté du sud, des nuages d’un noir bleu, qui changeaient de forme sans bouger de place. Il ventait petite brise, mais la mer fortement houleuse sentait du mauvais temps.

Au grand largue, le Laissez-les dire roulait jusqu’à tremper à l’eau sa bôme qui remontait d’un coup dans le ciel. P’tit Pierre regardait le flèche osciller, si haut, qu’il lui fallait se renverser pour le voir ; il écoutait le gémissement des palans et le tumulte des vagues à l’étrave ; il contemplait le torse énorme de Perchais accoté à la barre ; et la force de cette machine, aux mouvements accordés avec ceux de la mer, l’émouvait sans qu’il comprît pourquoi.

Les hommes l’appelaient « le mousse » en rigolant, et pour ne pas lâcher les lignes à maquereaux, lancées à la traîne, l’envoyaient de temps à autre chercher « le litre ».

— Hé mousse ! passe-nous l’ kilog !