Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

descendre à toute vitesse, emportés par le courant et la furie des hommes, s’enlevant à chaque coup de nage et marquant leur sillage comme un vapeur. Les rames décochent des reflets ; les avants luisent comme des haches ; le bois et l’eau retentissent.

— Le République ! le République ! acclame soudain Florent, l’équipe à Jean-Marie !

Le canot lâche par secousses son concurrent. On entend le patron qui jette en cadence, pour entraîner ses hommes :

— Har-di ! Har-di !

Au coup de canon, une clameur de victoire monte des poitrines ; d’un seul mouvement les avirons sont mâtés et sur son aire la barque court jusqu’aux cales.

Déjà le second coupe la ligne ; puis les autres. C’est une mêlée d’embarcations, de voix, de rires, toute une agitation violente ; une grosse joie puérile, particulière aux soldats et aux matelots qui sont de jeunes hommes vigoureux, sans souci du pain quotidien.

— Hé ! Jean-Marie !

— Tiens, Florent ! On est des bons, mon vieux !

— C’est-il des poilus les gars du République ?

— Envoie l’kilog, Goule-en-pente !