Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/261

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sulter le baromètre. Tonnerre seul ne paraissait plus et hivernait au fond de sa case, comme une marmotte. P’tit Pierre l’allait voir quand il restait trop longtemps sans sortir et lui portait une écuellée de panade bouillante qu’il avalait gloutonnement en arrosant sa barbe.

Malgré le chômage, P’tit Pierre fut assidu à l’atelier jusqu’au printemps dont l’éveil ne le détourna même pas. Il semblait vraiment avoir oublié la mer qui reverdissait doucement, comme une prairie, au soleil d’avril. Il venait quotidiennement ne rien faire ; auprès des établis, avec les deux compagnons, Clovis et Firmin. Petit et brun, chevelu, crépu, Clovis remplissait le hangar sonore de romances savonneuses que des filles admiratives écoutaient à la porte. Épanoui du ventre au front, Firmin exhibait une bedaine roulée dans quatre mètres de flanelle rouge, à cause des coliques.

Tout de même, un menu fait émut P’tit Pierre : le retour au village d’un gars à ce vieil alcoolique de Piron, qui s’était pendu voilà deux ans, dans une crise.

On l’appelle Cul-Cassé parce qu’il boite ; on ne lui sait pas d’autre prénom. Il avait traîné dans les barques autrefois et fait tous les métiers, jusqu’à mendier pour ne pas mourir de faim. Des personnes charitables lui ayant enseigné la cordonne-