Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/264

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répliquait grossièrement mais sans aigreur. Une odeur de salure et de rogue s’exhalait des charges de sardines emportées à grand bruit de sabots. P’tit Pierre aperçut Olichon qui lavait le pont du Secours de ma vie à larges volées d’eau claire.

Puis Cul-Cassé passa en compagnie du père Crozon, un petit vieux tout rasé au milieu d’un collier de barbe drue. Ils parlaient avec animation :

— On veut point de moi à la sardine, disait Cul-Cassé en haussant les épaules, mais pour le homard c’est point pareil…

— Eh ben on va essayer, mon gars.

P’tit Pierre soupira. Et il regarda la mer douce par-dessus la jetée où séchaient les filets bleus, l’horizon fuyant des soirs de beau temps, les molles vaguettes qui chantaient sur le sable, les barques pensives, hochant à peine du mât, et le grand ciel blanc où le soleil glissait en s’élargissant.

Derrière lui, le tumulte de l’auberge croissait avec le crépuscule. Alors il se détourna brusquement et s’en fut boire aussi, à la table où Crozon trinquait avec le boiteux pour sceller l’engagement.