Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/265

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Le temps passa. P’tit Pierre prit de l’âge et devint un gars robuste et bien nourri. Chez Zacharie il avait remplacé, en qualité d’ouvrier, Firmin partit sur le trimard. Et la Bernard l’admirait avec cette joie de femme qu’ont les mères à sentir l’homme s’éveiller dans leurs enfants.

Elle le gâtait de plus en plus d’ailleurs, lui cuisinait des petits plats et l’entretenait abondamment de maillots confortables. Elle avait refait son matelas en mêlant de la plume à la laine. Et elle ne le nommait plus « P’tit Pierre » mais « le gars », parce qu’il était pour elle le fils unique en quelque sorte, le seul qui ait bien voulu rester près d’elle et dont la présence devenait l’habitude essentielle de sa vie.

Florent avait rengagé dans la flotte, après ses quatre ans de service, en dépit des représentations de ses parents.

— Je suis mieux là qu’à pêcher la sardine, disait-il. Je gagne une retraite sans me fouler. Alors ? La terre ?… Je sais point travailler ça !