Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est un nom de la Révolution ; il paraît qu’ça veut dire le mois où il pleut…

Les hommes froncèrent les sourcils sans comprendre. Perchais fit de l’esprit :

— Qu’est qu’ça peut faire qu’il pleut puisqu’on est sous l’eau !

Un tonnerre de rire ébranla la salle et chassa les mouches qui pointillaient le plafond. La conversation devint générale, chacun émit son opinion. Au bout de la salle, le vieil Hourtin proclamait :

— Les bateaux en fer, vous savez, j’ai pas confiance ! et puis, quand on voit pas le soleil !…

Mais Bernard, qui a entendu, dit très haut :

— Les sous-marins, c’est un poste d’honneur !

Tout le monde approuva et Double Nerf en profita pour lancer :

— Qu’est-ce qu’on attend alors, pour boire à la santé de ton gars ?…

Bernard commanda des litres, et P’tit Pierre servit à la ronde le vin rosé. Mais quand il fut à Tonnerre, hirsute et taciturne, le vieux refusa :

— J’aime point ce sirop-là !

Les pêcheurs rigolèrent et s’enhardirent à réclamer. Alors on apporta l’eau-de-vie et les petits verres qui disparurent dans les poings roux.

La fumée s’épaississait sous les solives, tandis que les cornets de tabac circulaient de mains en mains.