Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/288

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P’tit Pierre rôda autour de lui, bon enfant, un peu déconcerté, s’efforçant de le reconquérir en lui payant à boire. Ce qui le frappait, jusqu’à l’obsession, à chaque rencontre du boiteux, c’était ce bracelet tatoué qui lui cernait le poignet comme une cicatrice. Et l’idée lui vint, pour flatter l’indifférent, et parce qu’il lui plairait de porter dans sa chair, un emblème, de lui demander s’il savait graver des figures sur la peau.

— Oui, répondit Cul-Cassé.

— Alors tu vas m’en faire une sur le bras.

— Deux cœurs enlacés, ricana le boiteux.

Mais P’tit Pierre qui n’y avait point pensé le regarda naïvement et répliqua :

— Non, deux ancres comme toi, avec écrit dessous : Quand même !

Du coup, Cul-Cassé rit plus fort en se moquant. P’tit Pierre sentit la colère le soulever. Il se contint pour ne pas envoyer l’infirme rouler sur le sol, et troussant brusquement sa chemise, il dégagea son bras gauche qu’il claqua en disant.

— Tiens ! travaille là-dessus !

Ils firent la chose dans la cabane des Piron. Cul-Cassé grava son dessin avec une aiguille en pointillant jusqu’au sang la peau de P’tit Pierre, puis, sur les piqûres fraîches, il sema une traînée de poudre noire qu’il enflamma. Le boiteux guettait la grimace de P’tit Pierre à la douleur ; mais