Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/304

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obscur comme à l’été, longtemps après la chute du soleil. La mer et le vent s’alourdissaient, et les goélands tournoyaient sur le marais en criant comme des enfants.

Les barques poursuivaient les dernières sardines, pêchaient le maquereau, le thon, malgré les brouillards d’arrière-saison qui réveillent la cloche lugubre, le soir, au bout de la jetée. Les rhumatismes remontaient aux articulations de Clémotte dans les temps humides comme la salure sur les vareuses. Hourtin se cassait, mais sans perdre la mémoire de ses aventures qu’il contait aux jeunes gars en buvant la goutte.

Les veillées allongeaient les stations au cabaret. On parlait du Pluviôse, on lisait la feuille ; Zacharie donnait des nouvelles du brigadier :

— Son gars qu’a seulement point écrit !

— Lui s’rait-il point arrivé malheur aussi, dit Perchais.

— On sait point, insinua Cul-Cassé, mais qui dit qu’il aurait point trouvé à s’embarquer !

Tout le monde protesta :

— La veille de son mariage !… Il ’tait trop amoureux !… Et qu’la Cécile le tenait bien !…

Cul-Cassé hocha la tête en grimaçant ; Perchais resta pensif. Puis on passa aux plaintes sur la pêche.

La mère Bernard s’est mise à prier Dieu parce