Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/45

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encore « qu’il lui ferait la peau à c’te fils d’vesse », quand un vieux entra, coiffé du chapeau rond des paysans maraichins, le dos voûté, les bras ballants.

On entendit des rires, des mots : « V’la l’ marchand d’ patates ! » La bande fit un mouvement de retraite qu’accéléra un dernier coup de voix. Et quand tous furent sortis, le bonhomme qui les avait dévisagés carrément un à un prononça :

— Bons de la gueule et faillis du bras, c’est ren qu’ des chie dans l’eau !

Ils s’en allèrent en clamant fort. Le Nain, qui fumait obstinément, les rejoignit par le sentier. Et la Marie-Jeanne monta vers son homme en découvrant les petits de sa jupe.

— J’ai eu peur pour toi, dit-elle.

Déjà le père Couillaud descendait en boitant de l’œil la coque puissante où le soleil éclairait, par plaques, le beau chêne aux tons de miel. Il dit, sans effusion :

— Bonjour la fille ! bonjour le gars !

La Marie-Jeanne poussa vers lui les enfants en murmurant :

— Allez embrasser grand-père.

Mais lui leur mit simplement la main sur la tête, tandis qu’il enserrait la barque du regard, le front plissé de méditation.