Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/73

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— C’est jaloux ! ça travaille seulement point !

Il travaillait tant, lui, pour satisfaire son ambition, pour arriver à posséder plusieurs barques et du bien en terre comme Viel le riche, et s’assurer, avec sa retraite, une vieillesse paisible. Et près de la lampe basse où il fabriquait du filet sans relâche, ses mains s’activaient, faisant craquer le fil, tandis que la crispation de ses sourcils fermait définitivement son front têtu.

Marie-Jeanne l’admirait et reprenait confiance devant la puissance sûre de ses muscles et l’obstination formidable de ce vouloir. À côté d’elle, dans la pièce voisine, les enfants dormaient en ronflant doucement ; elle savait que Léon veillait à bord du sloop ; et cette régularité coutumière de la vie quotidienne lui rassura le cœur.

Le lendemain de la bagarre, six gendarmes et un brigadier arrivèrent à bicyclette. On les logea par trois dans chaque usine, et le brigadier s’installa chez Zacharie. Les marins les virent sur la jetée en rentrant ; deux pêchaient le mulet à la turlutte sur les conseils des douaniers ; les autres fumaient des pipes, assis les jambes pendantes, ou appuyés au garde-fou.

La soirée fut calme, bien qu’un grand sloop des Sables, malavisé, vint accoster la cale au coude de la jetée.

Cinquante gaillards armés de triques l’accueillirent.