Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/74

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À cause des vociférations, il fallut du temps pour comprendre que les Sablais imploraient seulement du pain. Le patron, un haut gars aux traits coupants, élevait à bout de bras une pièce blanche. Un gendarme apporta une miche, puis, d’un seul effort, à la pointe des gaffes, les hommes repoussèrent la barque. Elle évita dans un geste arrondi de sa grand’voile, et sur ses fargues on lut comme une dérision, le nom formidable de Danton.

Avec le temps, les esprits s’apaisèrent. Les Sablais demeuraient sur les bancs et gagnaient, au soir, la côte bretonne ou cédaient leur poisson aux vapeurs qui font le marché sur les lieux de pêche.

Le mois d’août continuait juillet sans transition. Chaque matin, le même soleil d’or montait de l’est, jusqu’au zénith, pour retomber sans hâte, rouge, puis écarlate, dans l’océan que l’on s’étonnait de ne pas voir bouillonner en l’éteignant.

Les barques envolées à l’aube sur la mer smaragdine rentraient tard sur un flot vermeil, marié au ciel à l’horizon.

C’était le va-et-vient quotidien du large à l’île, la pêche, la vente, le séchage des filets bleus qui flottent au long des mâts, comme des mousselines, autour du lourd chapelet des lièges. C’était la vie, redevenue monotone au village qu’anime, deux fois le jour, la cloche des usines à la sortie des filles aux