Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/76

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Il avait venté toute la nuit, une bonne petite brise d’ouest qui passait amicalement, comme, une main frissonnante, sur le dos des maisons endormies, et agitait la crécelle, installée par le brigadier Bernard, dans son potager, pour effrayer les oiseaux. Toute la nuit, cette cliquette avait battu nerveusement dans le village silencieux, au-dessus du bruit doux de la mer.

Le matin il venta plus sec quand le soleil parut. Le ciel n’avait pas cette profondeur bleue des beaux jours d’été où l’azur est dense et coloré comme un autre océan ; il se développait, ainsi qu’une gaze blanchâtre et lumineuse, dont les plis pesaient en brume sur l’horizon.

C’était le grand jour des régates. À regret la mer baissait sur la plage d’or, tandis que les dos goémoneux des roches commençaient à émerger le long du chenal, luisants comme des carapaces de tortues marines qui auraient dormi à fleur d’eau.

Les sloops appareillaient sans hâte. Sur la digue