Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/77

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ramageaient les vareuses propres, les caracos clairs, les bonnets blancs, les foulards verts tendres, roses et groseille. Les mousses embarquaient des ballots de voiles qui sentaient la cotonnade et le goudron. On criait, on s’appelait, on riait. Les vieilles barbes disaient l’avenir de la journée ; les filles s’esclaffaient à toute gorge et jacassaient d’une voix pointue ; les hommes plaisantaient avec défi et leurs paroles clamaient la lutte.

— Beau temps pour s’aligner les gars !

— Et de la brise au flot, que j’ pense, à souquer la toile !

Le Secours de ma vie débordait avec la Gaude en sabots blancs et en jupons courts, la poitrine magnifique dans le corsage écarlate. Chargé d’hommes recrutés pour la manœuvre, le Laissez-les dire sortit sous la main de Perchais. Puis, ce fut l’aimable Clara où Double Nerf exhibait ses glorieux biceps, parmi l’équipage qui chantait en vidant bouteilles :

Il faut les voir tous ces jolis garçons,
Quand ils s’en vont tout habillés de blanc !
Il faut les voir tous ces jolis garçons,
Quand ils s’en vont tout habillés de blanc !…


Sans éclat, Urbain Coët glissa dans le sillage de la chanson qui sonnait sur le cristal des eaux