Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/89

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— Nom de Dieu de nom de Dieu !

Perchais s’est dressé tout debout, énorme et sacrant ; et, comme à un signal, son équipage bondit à l’abordage en hurlant des injures. C’est un assaut forcené dans un tumulte de vociférations, une ruée à la course, tête première, que les matelots de Coët reçoivent comme il convient, à coups de poings.

— À mort !… salauds !… à la mer ! à la mer !…

Des bras, des épaules, des cous formidables s’agitent au-dessus des maillots. Les coques sonnent sous le galop de la lutte, s’enlèvent aux vagues, s’écorchent. Des hommes roulent en bas, le thorax enfoncé ; un Piron étouffe un David ; Léon mord une oreille ; du sang rougit le pont ; et brusquement une lame fend la grand’voile du Dépit des Envieux qui siffle en se déchirant.

À la pointe de l’estacade, l’énervement remue la foule tassée entre les garde-fous. Il y a là toutes les femmes des combattants, Malchaussé, Louchon, Labosse le douanier, Zacharie, le brigadier Bernard, et les trois Goustan.

La lorgnette braquée sur Pierre-Moine, François crie ses observations à l’assistance.

— Ils s’abordent !

— Le foc du Dépit des Envieux est à l’eau !

— Non c’est çui de Perchais ! un foc bleu !