Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/97

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La tête de turc pétaradait toujours sous la masse des jeunes hommes fiers de leurs biceps, tandis que d’autres payaient aux galantes la loterie où tourbillonnent des carafes cabossées, des verres coloriés et des assiettes au fond desquelles sont peintes « nos gloires militaires ».

Des chargements partaient vers Noirmoutier, en voiture à âne, avec la loueuse qui trotte par derrière, pieds nus, un journal en voûte sur le front. Des couples se démasquaient tour à tour parmi les chênes ; et dans la chaleur balsamique du sous bois, stagnaient des fumées de vinasse, des puanteurs de crottin et de sueur de bête.

Les matelots gagnaient la ville, par bande, bras dessus, bras dessous avec les filles, en redisant les chansons du service :

C’est le dimanche après dîner
Que ces brav’matelots s’en vont s’y promener !…

Les rangs ondulaient comme un ruban, s’élargissaient, se resserraient, avançaient toujours, en flottant au rythme des chœurs où braillaient des femmes :

Il faut les voir tous ces jolis garçons
Quand ils s’en vont tout habillés de blanc !
Si par malheur l’un d’eux fait une tache
L’autre lui dit : cochon faut que tu te décrasses !
Avec de l’eau et du savon,
Ou bien tu n’auras pas du vin dans ton bidon !