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son ami en fondant en larmes. « Pour venir me voir et que tu pleures, lui dit celui-ci, j’aime beaucoup mieux que tu restes chez toi. Il ne s’agit pas de pleurer, il faut agir, il faut sauver un malheureux ; viens à mon aide, ensuite nous penserons à moi. Il y a dans la chambre voisine un père de famille condamné mort ; je te le répète, il faut m’aider à le sauver ; tu m’apporteras demain mon poignard et un paquet de cordes. — Mais comment m’y prendre ? — Comme tu voudras ; il me les faut.

Le malheureux que le Superbe avait résolu d’arracher à la mort, était un prêtre français nommé Borde, passé en Espagne et rentré depuis peu dans sa patrie, qu’il avait voulu revoir avant de mourir. Il s’était caché aux allées d’Albret, sous le déguisement d’un garçon de bains, et là, découvert et arrêté, père de trois enfans, il devait être fusillé le surlendemain.

Mais, la veille de son exécution, les jeunes gens détenus pour l’affaire du général s’étaient réunis à un déjeuner auquel assistaient leurs parens et leurs amis du dehors. La maîtresse du Superbe se rend à-peu-près à la même heure à la prison, tenant le paquet de cordes sous ses jupes, et le poignard caché dans ses cheveux.