Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/47

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même moment absorbée dans une partie avec Isabelle, qui avait déterré, je ne sais où, un vieux jeu de trictrac, et obtenu qu’on la laissât levée une heure de plus que d’habitude.)

— Certes, dit M. Gascoigne, une jolie femme n’est jamais plus belle qu’à cheval, et Gwendolen en a tous les éléments. Je ne dis pas que la chose ne puisse être prise en considération.

— En tout cas, nous pourrions essayer quelque temps. On supprimera le cheval si cela devient nécessaire, dit Madame Davilow.

— Eh bien, je m’entendrai avec le premier palefrenier de lord Brackenshaw. C’est mon fidus achates pour ce qui regarde l’équitation.

— Merci, dit madame Davilow soulagée. Vous êtes bien bon.

— Il l’est toujours, conclut madame Gascoigne.

Le même soir, quand elle et son mari furent seuls dans leur chambre a coucher, elle lui dit :

— Je crois que tu as été un peu trop facile au sujet du cheval de Gwendolen. Elle ne devrait pas demander plus que ne désire ta fille, surtout que nous ne savons pas comment Fanny va régler son revenu. Tu as bien assez à faire sans te donner cet embarras.

— Ma chère Nancy, il convient de regarder les choses sous tous les points de vue. Cette jeune fille est réellement digne que l’on fasse un peu de dépenses pour elle ; je n’ai pas vu souvent sa pareille. Elle est appelée à faire un riche mariage, et je serais infidèle à mon devoir si je ne l’y aidais de tout mon pouvoir. Tu sais toi-même quel est son désavantage d’avoir eu un beau-père et une seconde famille. Je me sens des entrailles de père pour cette enfant. Il serait à désirer que ta sœur et sa famille eussent eu le même bénéfice que toi, c’est-à-dire qu’elle eût épousé un meilleur spécimen de notre espèce.