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V


La réception faite à Gwendolen par les meilleures familles du voisinage, réalisa les espérances de son oncle. Depuis Brackenshaw-Castle jusqu’aux sapins de Wancester, où M. Quallon, le banquier, ouvrait ses salons, elle fut accueillie avec une admiration manifeste, et les dames mêmes qui lui portaient envie l’invitèrent sans se faire prier ; car les maîtresses de maison qui reçoivent beaucoup, sont obligées de composer leurs parties à la manière des ministres, qui forment leur cabinet non sur leur goût personnel, mais sur le goût des autres.

Au nombre des maisons où Gwendolen n’était pas aimée, quoiqu’on l’y attirât, il faut citer Quetcham-Hall. Sa première invitation à ce château eut lieu à l’occasion d’un grand dîner. Ce fut pour elle une sorte d’introduction générale dans la société des environs ; car, dans une partie de ce genre, où assistent plus de trente personnes d’âges différents, il eût été impossible d’oublier les membres des familles bonnes à voir. Pas un seul visage n’était comparable à celui de Gwendolen quand elle fit son entrée dans