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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/105

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LA CONVERSION DE JEANNE

du blanc le plus brillant, cependant le jardin et le verger étaient la gloire de M. Jérôme, et cela avec raison ; il n’y avait rien où il mît un plus innocent orgueil (paix à la mémoire d’un homme si bon ! tout son orgueil était innocent) qu’à conduire sur sa propriété un visiteur non encore initié, et à lui faire apprécier les avantages incomparables que possédaient les habitants de la Maison blanche quant aux pommes à raies rouges, aux rousselets verts du Nord (excellents à mettre au four), aux poires œuf de cygne et aux primeurs, pour ne rien dire des arbrisseaux à fleurs, des chèvrefeuilles roses, des buissons de lavande, plus abondants que Mme Jérôme n’en pouvait employer, et enfin quant à la surabondance de tout ce qu’une personne retirée des affaires peut désirer posséder ou partager avec des amis. Le jardin était un de ces paradis à l’ancienne mode, qui n’existent plus que dans nos souvenirs d’enfance : point de séparation ménagée entre le jardin et le potager ; point de jouissance monotone d’un sens à l’exclusion d’un autre ; mais un charmant Éden mélangé de tout ce qui est agréable à la vue et bon comme aliment. La riche bordure de fleurs, courant le long de chaque allée, avec sa succession sans fin d’anémones, auricules, giroflées jaunes, œillets de poète, campanules, mufliers et lis martagons, avait encore des beautés plus relevées, telles que les roses moussues et de Provins,