Aller au contenu

Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
LA CONVERSION DE JEANNE

sensible à toute opinion contraire de frémir devant les froncements de sourcil des insensés, d’être irrité de l’injustice de ceux qui n’étaient pas capables de lui rendre justice ; et avec toute cette sensibilité au blâme, ce besoin de sympathie, il avait pendant des années forcément vécu dans un état d’antagonisme perpétuel. Il n’est pas surprenant alors que les paroles affectueuses du bon vieux M. Jérôme fussent un baume pour lui. Il témoignait souvent de la reconnaissance aux vieilles femmes qui lui disaient « Dieu vous bénisse », aux petits enfants qui lui souriaient, aux chiens qui se laissaient caresser pour lui.

Après le thé, M. Tryan proposa une promenade au jardin, comme moyen de dissiper tout souvenir du récent désaccord conjugal. L’appel de la petite Lizzie : « Moi vais, gand-pa ! » ne put être repoussé ; on lui mit son manteau et son chapeau ; puis ils sortirent au soleil du soir, à l’exception de Mme Jérôme, qui se retira à la cuisine pour laver les plus belles pièces du service à thé et rattraper le temps perdu par tous les fréquents retards de la journée.

« Par ici, monsieur Tryan, par ici, dit le vieux monsieur ; je vous mènerai d’abord à mon pré, où vous verrez notre vache, la meilleure laitière du pays. Voyez donc, comme la laiterie est commode ; j’en ai fait le plan moi-même. Ici j’ai mon petit atelier de charpentier et là celui de forgeron ; j’y travaille bien souvent.