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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/120

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

Je n’ai jamais pu souffrir d’être oisif, monsieur Tryan ; il faut toujours que je m’occupe d’une chose ou d’une autre. Il était temps pour moi de me retirer des affaires et de laisser la place à de plus jeunes. J’avais gagné assez d’argent, et, n’ayant qu’un fils à qui le laisser, je me suis dit : C’est le moment de cesser de m’occuper autant de ce monde et de penser un peu plus à l’autre. Mais il y a bien des heures entre le lever et le coucher, et les pensées ne sont pas un obstacle ; vous pouvez agir tout en ayant beaucoup de choses dans la tête. Voyez, voici le verger. »

C’était un très joli pâturage — où la grande vache tachetée, à courtes cornes, ruminait, tranquillement couchée, et regardait ses admirateurs d’un air endormi — avec une haie proprement taillée tout autour, surmontée çà et là d’un frêne de montagne ou d’un cerisier.

« J’ai, outre ceci, une bonne quantité de terrain qui mérite d’être vu ; mais peut-être est-ce un peu plus loin que vous n’aimeriez à aller. Que Dieu nous protège ! j’ai presque une acre de pommes de terre là-bas ; j’ai une assez grosse famille à nourrir, vous savez. » Ici M. Jérôme cligna de l’œil et sourit d’un air significatif. « Et cela me fait penser, monsieur Tryan, à quelque chose que je voulais vous dire. Les ministres comme vous, je sais, voient beaucoup plus de misères que les autres personnes, et on leur fait beaucoup plus de demandes qu’ils n’en peuvent satisfaire ;