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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/122

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

maître pour avoir gaspillé le bois et laissé perdre des bouts de chandelle, le considérait comme « très serré ». Mais il avait une bienveillance aussi chaude que le soleil du matin, et sa bonté s’exerçait sur tout ce qui s’offrait à lui, depuis l’enfant aux joues roses, qu’il réjouissait par le cadeau d’une boîte de Noël, jusqu’aux infortunés qui, dans leur sombre logement, languissaient et mouraient de besoin.

Il plaisait à M. Tryan d’écouter le simple babil du vieillard, de se promener à l’ombre dans cet incomparable verger, d’entendre l’histoire des récoltes des pommiers et de l’abondance embarrassante des poires d’été, de respirer la brise du soir, assis dans le pavillon du jardin, d’oublier quelques instants les préoccupations de sa vie pastorale.

Peut-être le retour à cette tâche se fit-il sentir à lui sur la route poussiéreuse d’autant plus puissamment ; peut-être quelque chose dans cette habitation ombragée lui avait-il rappelé le temps où il ne s’était pas encore soumis au joug du renoncement. Le cœur le plus fort peut défaillir quelquefois sous le sentiment que les ennemis sont acharnés et que les amis ne connaissent pas la moitié de ses tristesses. L’âme la plus résolue jettera de temps en temps en arrière un regard de regret, en foulant le rude sentier de la montagne, bien loin des prairies et des voix rieuses de la vallée. Quoi qu’il en fût, lorsqu’à neuf