Aller au contenu

Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

Mais il y avait quelqu’un qui entendait les plaintes et tous les accès d’amertume et de désespoir que Jeanne n’était jamais tentée de confier à l’oreille d’une autre ; et hélas ! dans ses plus mauvais moments, Jeanne pouvait jeter de sauvages reproches à ce patient auditeur. Car le tort qui suscite nos colères ne trouve en nous qu’un médium ; il nous traverse comme une vibration, et nous infligeons à d’autres ce que nous avons souffert.

Mme Raynor ne vit que trop, pendant tout l’hiver, que les choses devenaient pires dans la rue du Verger. Elle en eut assez de preuves dans les visites de Jeanne ; et quoiqu’elle s’arrangeât, lorsqu’elle allait chez sa fille, pour ne pas rencontrer Dempster, elle découvrit non seulement qu’il buvait avec plus d’excès que jamais, mais qu’il commençait à perdre cette puissance physique de supporter les excès, qui avait été longtemps un sujet d’admiration pour de beaux esprits tels que M. Tomlinson. Il semblait que Dempster avait presque conscience de son état — quelque défiance de lui-même, car, avant la fin de l’hiver, il avait renoncé à l’habitude d’aller seul dans sa voiture, et on ne le voyait plus dans son cabriolet sans un domestique à côté de lui.

Némésis est boiteuse, mais elle est d’une stature colossale, et quelquefois, tandis que son glaive n’est pas encore sorti du fourreau, elle