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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/173

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LA CONVERSION DE JEANNE

des sanglots remplacèrent ses plaintes. Sa mère en fut satisfaite, prévoyant que cette crise amènerait quelque détente, quelque tendresse et quelque calme. Elle sortit pour faire le thé, et, quand elle rentra, portant le plateau, Jeanne avait essuyé ses yeux et se tourna vers elle en essayant de sourire ; mais son pauvre visage, avec sa triste beauté flétrie, n’en paraissait que plus digne de pitié.

« Ma mère veut absolument me faire prendre du thé, dit-elle ; je crois que j’en boirai une tasse. Mais il faut que je retourne tout de suite à la maison, car nous aurons du monde à dîner. Pouvez-vous venir pour m’aider, mère ? »

Mme Raynor était toujours prête à rendre service à sa fille à la rue du Verger. Elle suivit Jeanne et resta avec elle toute la journée — contente de la voir, à l’approche du soir, plus gaie et disposée à s’occuper de sa toilette. À cinq heures et demie, tout était prêt ; Jeanne était habillée ; et quand sa mère l’eut embrassée et lui dit adieu, elle ne put s’empêcher de s’arrêter un moment dans une triste admiration devant la belle et haute taille de sa fille, qui n’en paraissait que plus belle par la simplicité de son costume de deuil, et dont le beau visage, avec ses riches masses de cheveux noirs, avait besoin, pour indiquer la femme mariée, du simple bonnet blanc qui le surmontait. Jeanne avait cette beauté persistante qui est le propre des lignes pures et