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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/174

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

d’un riche coloris. Les chagrins et l’abandon laissent des traces sur une telle beauté, mais elle nous émeut jusqu’à la fin, comme un temple grec, qui, par les outrages du temps et des barbares, a gagné une grandeur solennelle qui remplit d’autant plus notre imagination qu’elle parle moins à nos sens.

Il était six heures avant que Dempster revînt de Rotherby. Il avait évidemment beaucoup bu et était de mauvaise humeur ! mais Jeanne, qui avait rassemblé un peu de courage et de support, et qui avait le sentiment d’avoir fait de son mieux ce jour-là, était déterminée à lui parler d’une manière aimable.

« Robert, lui dit-elle avec douceur en le voyant s’asseoir dans la salle à manger avec ses vêtements souillés de tabac et tirer quelques papiers de sa poche, ne voulez-vous pas vous laver et changer de costume ? Cela vous rafraîchira.

— Laissez-moi tranquille, voulez-vous ? dit-il de son ton le plus brutal.

— Changez d’habit et de gilet, je vous prie, Robert. J’ai préparé tout ce qu’il vous faut.

— Oh ! vous avez fait cela, vraiment ? » Quelques minutes après, il se leva d’un air résolu et monta dans sa chambre. Jeanne avait souvent été grondée auparavant pour n’avoir pas préparé les habits, et elle pensa, non sans quelque surprise, que cette attention avait eu un bon résultat.