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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/180

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

CHAPITRE XIV

La rue pavée, l’âpre vent et l’obscurité, — et au milieu de tout cela une faible femme chassée de la demeure de son mari, le vent mordant ses pieds nus et glaçant cette poitrine demi-nue, où son pauvre cœur se brise de désespoir.

L’homme qui se noie, au moment suprême revoit dans un instant tout son passé heureux ou malheureux ; quand le sombre flot l’enveloppe comme un rideau, la mémoire en un seul instant revoit le drame de toute son existence. Et même dans ces crises qui ne sont que des simulacres de mort, quand nous sommes brusquement détachés de notre vie accoutumée, quand nous ne pouvons plus espérer que le lendemain soit semblable à la veille, et que nous nous trouvons, par quelque secousse soudaine, sur les limites de l’inconnu : le même éclair traverse quelquefois l’obscurité de notre mémoire.

Lorsque Jeanne s’assit en frissonnant sur le seuil de cette porte qui venait de se fermer sur