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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/185

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LA CONVERSION DE JEANNE

faible lumière venant de la fenêtre de la chambre à coucher de Mme Pettifer. Ce rayon, partant d’une chambre où reposait une amie, fut comme un rayon de miséricorde pour Jeanne, après ce long temps d’obscurité et de solitude. Réveiller Mme Pettifer ne serait pas si terrible qu’elle l’avait cru. Cependant elle s’arrêta encore quelques instants à la porte, avant de trouver le courage de frapper ; elle craignait que ce bruit ne réveillât encore d’autres personnes que Mme Pettifer, quoique aucune autre habitation n’ouvrît sur ce passage, sinon des dépôts et des dépendances. Il n’y avait point de gravier qu’elle pût jeter à la fenêtre, rien que de lourds pavés ; il faut heurter. Son premier coup fut très timide ; puis elle attendit quelques instants ; bientôt elle reprit courage et frappa plusieurs coups à la fois, faibles mais rapides, de manière que Mme Pettifer ne pût se méprendre sur la nature du bruit. Jeanne avait été entendue ; bientôt la fenêtre s’ouvrit, et la pauvre enfant vit Mme Pettifer se pencher pour voir qui frappait.

« C’est moi, madame Pettifer ; c’est Jeanne ; laissez-moi entrer, par pitié.

— Bonté du ciel ! qu’est-il arrivé ?

— Robert m’a mise à la porte. Je suis au froid depuis longtemps ! »

Mme Pettifer ne dit rien, mais se hâta de quitter la fenêtre et fut bientôt à la porte, une lumière à la main.