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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/196

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

tombait une pluie de grésil ; du parloir on n’avait d’autre vue que celle d’un mur nu ; et, comme Jeanne regardait du côté de la fenêtre, la pluie et les briques noircies par la fumée semblaient se confondre en une identité écœurante avec la désolation de son esprit et son grand mal de tête.

Mme Pettifer fit son petit ménage aussi vite qu’elle put et se mit à coudre, espérant que Jeanne lui parlerait de ce qui s’était passé et, trouverait quelque soulagement dans cette confidence. Mais Jeanne ne pouvait parler ; elle était trop préoccupée par le désir de voir M. Tryan, et cependant elle hésitait à l’exprimer.

Deux heures se passèrent ainsi. La pluie continuait, et Jeanne restait sa tête souffrante appuyée sur sa main et regardant alternativement le feu et la fenêtre. Elle sentait que cette immobilité ne pouvait pas durer. Elle devait se décider à quelque chose, et tout était si difficile.

Il était une heure lorsque Mme Pettifer se leva, en disant : « Il faut que j’aille préparer le dîner ».

Ce mouvement et cette voix tirèrent Jeanne de sa rêverie. Il lui sembla que l’occasion allait lui échapper, et elle dit vivement : « Croyez-vous que M. Tryan soit à la ville aujourd’hui ?

— Non, je ne le pense pas, car vous savez que c’est samedi, dit Mme Pettifer, son visage s’illuminant de plaisir ; mais il viendrait si on l’en-