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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/195

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LA CONVERSION DE JEANNE

nous cacher l’un l’autre derrière un écran de paroles et d’actions vulgaires, et ceux qui s’asseyent avec nous au même foyer sont quelquefois les plus éloignés des profondeurs intimes de notre âme remplie de mal caché et de bons sentiments inactifs.

Quand Mme Pettifer revint, tournant la clef et ouvrant la porte avec précaution, Jeanne, au lieu de dormir, comme cette bonne amie l’espérait, était vivement occupée de sa nouvelle pensée. Elle voulait demander à Mme Pettifer si elle pourrait voir M. Tryan ; mais elle était arrêtée par des doutes et par sa timidité. Il pouvait n’être pas bien disposé pour elle ; il pourrait être choqué de sa confession ; il pourrait lui parler de dogmes qu’elle ne comprendrait pas. Elle ne pouvait encore se décider ; mais elle était trop agitée de cette lutte pour rester au lit.

« Madame Pettifer, dit-elle, je ne puis rester couchée plus longtemps ; il faut que je me lève ; voulez-vous me prêter une robe ? »

Enveloppée des vêtements que Mme Pettifer put trouver pour sa grande taille, Jeanne descendit au parloir et essaya de prendre quelque chose du déjeuner que son amie lui avait préparé. Mais ses efforts ne furent pas heureux : elle ne put achever qu’à moitié sa tasse de thé et une rôtie. Le poids du découragement l’oppressait de plus en plus. Le vent avait cessé ; il