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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/256

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

tique, aucun assentiment à quelque proposition, ou aucune appréciation des conséquences. Entre les quatre murs dont l’agitation et l’éclat du monde sont bannis, et où toute voix se modère — où un être humain est étendu sans force, livré à la pitié de son semblable, la relation morale d’homme à homme est réduite à sa clarté et à sa simplicité extrêmes ; la bigoterie ne peut pas la troubler, la théorie ne peut la pervertir, la passion que la vénération réduit au repos ne peut ni la souiller, ni la bouleverser. Pendant que nous nous inclinons sur le lit du malade, toutes les forces de notre nature se réunissent dans la pitié, la patience et l’amour, et effacent les misérables traces de nos débats, de notre prétendue sagesse et de nos désirs égoïstes. Ce dégagement serein des importunités de l’opinion se retrouve dans tous les actes simples et directs de la pitié, et c’est une des sources de ce calme que ressent souvent celui qui veille dans une chambre de malade, même lorsqu’il doit y remplir les devoirs les plus difficiles.

Quelque chose de ce résultat bienfaisant fut ressenti par Jeanne pendant sa réclusion. Quand les premières heures douloureuses furent passées, quand son horreur pour le délire eut perdu sa nouveauté, elle commença à se sentir soulagée du fardeau d’une décision à prendre quant à sa conduite future. La question qui l’agitait, touchant son retour vers son mari,