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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/27

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LA CONVERSION DE JEANNE

assemblait à l’occasion du sermon de charité annuel, personne n’eût douté que le ministre de Salem n’occupât une place distinguée dans les rangs des dissidents. Plusieurs familles attachées à l’Église établie avaient coutume, dans cette occasion, d’assister à ce service ; car Milby, à cette époque peu instruite, n’avait pas encore appris que les ministres schismatiques de Salem étaient des types évidents de Korah, Dathan et d’Abiram ; et beaucoup de personnes de l’Église gouvernementale étaient d’avis que la dissidence pouvait être une faiblesse, mais que, après tout, elle n’était pas un grand mal. Ces tolérants épiscopaux étaient, je crois, surtout des boutiquiers, qui tenaient pour établi que, puisque le congrégationalisme consommait des chandelles, il fallait le soutenir ; en conséquence de quoi, ils se regardaient comme obligés de faire acte de présence à Salem, pour le service de charité de l’après-midi, espérant être requis de tenir un plateau. M. Pilgrim était toujours là, avec son demi-souverain, car, aucun docteur dissident ne se trouvant à Milby, M. Pilgrim était très tolérant pour toutes les nuances d’opinion religieuse qui n’impliquaient pas la croyance aux guérisons miraculeuses.

Sur ce point, il avait un concurrent en M. Pratt, le seul médecin de son rang à Milby. Sur d’autres points d’ailleurs, le contraste entre ces deux habiles hommes était remarquable. Pratt était