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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/277

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LA CONVERSION DE JEANNE

sante. Si elle pouvait voir M. Tryan ; si elle pouvait tout lui avouer, elle retrouverait l’espérance. Il faut qu’elle le voie ; il faut qu’elle aille à lui.

Elle se leva et s’en alla d’un pas rapide et résolu. Elle était restée là longtemps assise, et le soleil était déjà couché. Il était tard pour qu’elle allât à Paddiford chez M. Tryan, où elle n’était jamais allée auparavant ; mais il n’y avait pas d’autre moyen de le voir ce soir-là, et elle ne pouvait hésiter. Elle prit à travers champs un sentier qui la conduirait à Paddiford sans la forcer de traverser la ville. La route était assez longue ; mais elle la préféra, parce qu’il y avait moins de probabilité qu’elle rencontrât quelqu’un de connaissance, et il lui répugnait de parler à qui que ce fût.

Les couleurs du couchant étaient presque effacées lorsque Jeanne frappa à la porte de Mme Wagstaff. La bonne femme fut surprise de voir une dame à cette heure ; mais les vêtements de deuil de Jeanne et l’agitation de son visage lui donnèrent la pensée que quelque difficulté immédiate l’avait amenée.

« M. Tryan vient de rentrer, dit-elle. Si vous voulez attendre au parloir, je monterai lui dire que vous êtes ici. Il paraît très fatigué et souffrant. »

Dans un autre moment, Jeanne aurait été désolée à l’idée de déranger M. Tryan quand il avait besoin de repos ; mais maintenant elle avait