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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/278

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

trop de désir de secours pour penser à cela ; elle ne sentit qu’un soulagement quand elle entendit le pas du ministre sur l’escalier et qu’elle le vit entrer.

Il s’approcha d’elle avec un regard inquiet, et dit : « Je crains qu’il ne vous soit arrivé quelque chose ».

Alors la pauvre Jeanne lui raconta sa triste histoire de tentation et d’abattement, et, tandis qu’elle se confessait, elle se sentit soulagée de la moitié de son fardeau. Le fait de se confier à la sympathie humaine, la conscience qu’un de ses semblables l’écoutait avec une patiente pitié, prépara son âme à un élan plus fort, par lequel la foi saisit l’idée de la sympathie divine. Lorsque M. Tryan lui adressa des paroles de consolation et de soulagement, elle fut en état de croire à la nouvelle de la grâce ; les flots qui avaient menacé de l’engloutir reculèrent de nouveau, et la vie se rouvrit pour elle sous la voûte des cieux. Elle avait été incapable de prier seule ; maintenant sa prière emportait sa propre âme avec elle, comme une grande flamme emporte dans son ascension vigoureuse les petits feux vacillants qui pourraient à peine rester allumés par eux-mêmes.

Mais M. Tryan ne voulait pas que Jeanne retournât seule à cette heure tardive. Lorsqu’il la vit calmée : « Je vous accompagnerai, dit-il, nous pourrons causer en chemin ». Mais l’esprit