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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/29

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LA CONVERSION DE JEANNE

vite possible un intrus nuisible et trop probablement sans capacité. Que le premier malade guéri par lui fût un client de Pratt ou de Pilgrim, l’un était aussi prêt que l’autre à arracher le nez à l’intrus, et tous deux s’arrangeaient pour lui rendre la ville inhabitable. Mais les patients respectifs de ces deux hommes distingués n’avaient pas la même entente cordiale. Mme Lowme ne pouvait cacher son étonnement de ce que Mme Phipps confiât sa vie à M. Pratt, qui lui permettait de prendre autant de nourriture qu’elle voulait, ce qui était cause qu’elle avait la respiration si courte ; et Mme Phipps perdait patience en voyant Mme Lowme vivre, ainsi qu’elle le faisait, de pain et de bouillon, avoir le teint aussi jaune qu’un souci, et permettre à Pilgrim de la saigner, de lui mettre des vésicatoires et de lui donner des drogues affaiblissantes, jusqu’à ce que ses vêtements tinssent sur son corps comme ceux d’un épouvantail à moineaux. Pour tout dire, peut-être, la réputation de M. Pilgrim était un peu mieux établie, et, quand une dame soignée par M. Pratt était malade, elle était à moitié disposée à croire qu’un « traitement un peu plus actif » lui conviendrait mieux. Mais sans une provocation positive personne n’aurait fait une démarche aussi sérieuse que celle de quitter le docteur de sa famille. L’estime qu’avait ce docteur pour ses patients était sujette à monter et