Aller au contenu

Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

de ce manque d’attention pour lui-même, résulterait bientôt le manque absolu de forces. L’espoir que l’influence du père ou de la sœur de M. Tryan pût l’engager à changer sa manière de vivre, qu’ils vinssent vivre avec lui ou qu’au moins sa sœur le vînt voir, et que les raisonnements qui n’avaient pas réussi dans d’autres bouches pussent le persuader en passant par ses lèvres à elle : cet espoir était maintenant perdu. Son père avait eu dernièrement une attaque de paralysie et ne pouvait se passer des soins de sa fille. Au retour d’une visite de M. Tryan à sa famille, miss Linnet fut très désireuse de savoir si sa sœur ne l’avait pas pressé d’essayer un changement d’air. D’après les réponses, elle comprit que miss Tryan désirait que son frère renonçât à sa cure pour voyager ou tout au moins pour aller à la côte du Devonshire du sud.

« Et pourquoi ne le feriez-vous pas ? dit miss Linnet ; vous nous reviendriez fort et bien portant, et vous auriez devant vous plusieurs années utiles.

— Non, répondit-il avec calme, je crois qu’on attache plus d’importance à une mesure semblable qu’elle n’en mérite. Je ne vois aucun bon motif pour quelqu’un à aller mourir à Nice, plutôt qu’au milieu de ses amis et de son œuvre. Je ne puis quitter Milby, du moins je ne le quitterai pas volontairement. »

Mais, quoiqu’il restât inébranlable sur ce