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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/294

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

ordinaire sous les rayons du soleil couchant, lorsque la couleur est réveillée de son sommeil du matin et que des ombres allongées nous frappent comme une découverte inattendue ! Bien plus, quel paysage peut paraître ordinaire aux yeux pleins de joyeuse sérénité et qui voient toutes choses briller de leur propre joie !

Jeanne était en ce moment très heureuse. Tandis qu’elle parcourait de ses pieds légers le sentier inégal, un demi-sourire de triomphe innocent jouait autour de sa bouche. Elle jouissait d’avance du succès de sa force de persuasion, et pour le moment son inquiétude concernant la santé de M. Tryan était oubliée. Mais, avant qu’elle eût fait beaucoup de chemin dans le sentier, elle entendit le bruit d’un cheval s’avançant au pas derrière elle. Sans regarder en arrière, elle se détourna pour le laisser passer, et ne s’aperçut pas qu’il s’était arrêté un instant, puis s’était avancé d’un pas plus rapide. Mais bientôt elle entendit une voix bien connue lui dire : « Madame Dempster » ; en se retournant, elle vit près d’elle M. Tryan, tenant son cheval par la bride. Il lui sembla très naturel qu’il fût là. Son esprit était si plein de lui en ce moment, que le fait de le voir réellement n’était que comme une pensée plus vive, et elle se conduisit comme nous sommes sujets à le faire quand le sentiment nous force à être naturels et à oublier les formes polies. Elle ne fit que le regarder avec un sou-