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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/293

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LA CONVERSION DE JEANNE

prendre le logement de Mme Wagstaff quand M. Tryan la quittera. Elles seront bien contentes d’apprendre cela, parce qu’elles pensaient que ce serait pour lui une objection à la quitter.

— Mais, ma chère enfant, dit Mme Raynor, dont le visage toujours calme était heureux maintenant, prenez auparavant une tasse de thé avec nous. Vous manquerez peut-être l’heure du thé chez Mme Linnet.

— Non, je suis trop agitée pour rien prendre. Je suis comme une petite fille qui a une nouvelle maison d’enfant. Une promenade en plein air me fera du bien. »

En conséquence, elle sortit. Holly Mount était à peu près à un mille des communaux de Paddiford, où la maison de Mme Linnet était située comme dans un nid de liserons, de lilas et de seringas. Le chemin que prit Jeanne suivait quelque temps la grand’route, puis la conduisit par un sentier qui serpentait à travers une étendue de prés et de pâturages, où elle voyait en face d’elle l’enfumé Paddiford et, au loin à gauche, sa ville natale, Milby. Il n’y avait aucune ligne de saules argentés marquant le cours d’un ruisseau, aucun groupe de pins d’Écosse aux troncs rougis par les rayons obliques du soleil : rien que la monotonie du gazon sans fleurs et des haies, qu’un chien ou un ormeau çà et là, et quelques vaches dispersées. Un paysage très ordinaire en vérité. Mais quel paysage est jamais