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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/41

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LA CONVERSION DE JEANNE

qui un soir entourait sa tête, descendait le lendemain à son cou, et ensuite à son poignet. Avec cette constante application de l’art à la toilette, il lui serait resté peu de temps pour des ouvrages de fantaisie, même si elle n’eût pas été dépourvue du goût qu’avait sa sœur pour cette occupation charmante et vraiment féminine. Et c’est là qu’on pouvait reconnaître la justice de l’opinion de Milby sur les aptitudes relatives des sœurs Linnet pour le mariage. Quand un homme est assez heureux pour gagner l’affection d’une jeune fille qui oublie ses soucis en faisant courir son crochet, en confectionnant des cache-pots brodés de perles, en tricotant des housses de chaise en laine d’Allemagne, il a du moins la garantie du bien-être domestique, quelles que soient les épreuves qui pourront arriver. Quelle ressource contre la fatigue et l’irritation que d’avoir son salon bien fourni de petites nattes toujours prêtes, si vous avez quelque chose à poser dessus ! Et quel fortifiant pour un cœur blessé que ces nombreux carrés de crochet qui glissent par terre aussitôt que vous les touchez ! Mais je suppose qu’il en existait quelque faible remplaçant sous le nom de pièces. Rébecca Linnet, cependant, avait négligé ces morceaux rapportés, ainsi que tout autre ouvrage de fantaisie. À sa pension elle avait employé beaucoup de temps à apprendre la peinture des fleurs, suivant l’ingénieuse méthode alors usitée d’appliquer des formes de feuilles et de