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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/52

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

supérieure, et trop disposée à la moquerie, mais capable de parler très bien sur chacun des livres qu’elle lisait, à ma recommandation. Il n’y a pas aujourd’hui à Milby une seule jeune femme que l’on puisse comparer à Jeanne quand elle s’est mariée, soit pour l’esprit, soit pour la figure. Je trouve miss Landor beaucoup au-dessous d’elle. À la vérité, je ne puis dire grand’chose de la supériorité intellectuelle des jeunes dames de nos premières familles. Elles sont superficielles, très superficielles.

— Ce fut bien aussi la plus belle mariée qui soit jamais sortie de l’église de Milby, dit Mme Pettifer. Une si belle tournure ! et qui faisait si bien valoir sa robe de soie blanche. Et quel joli sourire elle avait ! Pauvre Jeanne, elle le garde encore pour ses vieux amis, ce sourire. Je ne la vois jamais sans qu’elle ait quelque chose de gracieux à me dire ; demeurant dans la même rue, comme vous savez, je la vois assez souvent, quoique je ne sois jamais entrée dans sa maison depuis que Dempster m’a insultée dans un de ses accès d’ivresse. Elle vient quelquefois chez moi, la pauvre femme, avec l’air si singulier, que tout passant peut voir assez ce qu’il en est ; mais elle a toujours, malgré cela, quelque intention bienveillante. Encore l’autre soir, quand je l’ai rencontrée, j’ai vu, à cinq pas de distance, qu’elle n’était pas dans un état à pouvoir sortir ; eh bien, elle tenait un plat rem-