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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/70

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

« Coquin de deux sous ! Quelle est votre intention en suivant ainsi à la piste un homme de ma profession ? Je vous briserai tous les os dans la peau, si vous essayez de me traquer, comme un vilain chien qui vient renifler à la porte de quelqu’un. Croyez-vous qu’un monsieur arrivera plus sûrement chez lui parce qu’il a le parfum de votre bouteille à cirage sur le dos ? »

Boots se retira, plus étonné que choqué, en pensant que le discours « après rhum » du procureur faisait partie de son talent d’avocat, et M. Dempster poursuivit sa route.

Sa maison était située dans Orchard Street, qui ouvrait sur un des plus jolis emplacements de la ville : l’église, la cure et une longue étendue de prés verts. C’était une maison ancienne, avec un étage supérieur surplombant ; à l’extérieur, la façade était d’un grossier stuc, et les fenêtres à espagnolettes avaient des châssis et des volets verts ; à l’intérieur, elle était pleine de longs corridors et de chambres à plafond bas. Il y avait un gros et lourd battant à la porte verte ; et, quoique M. Dempster eût un passe-partout, il préférait souvent se servir du battant. Il le fit cette fois. Le tonnerre résonna le long de la rue du Verger, et, un instant après, un second choc plus fort que le premier. Il se passa encore une minute, et la porte restait fermée ; sur quoi, M. Dempster, en murmurant, prit son passe-partout et, avec moins de difficulté que l’on aurait pu s’y attendre, l’intro-