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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/71

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LA CONVERSION DE JEANNE

duisit dans la serrure ; la porte fut ouverte, il vit que le corridor était sombre.

« Jeanne ! » cria-t-il d’une voix forte et rauque, et le son de cette voix retentit dans toute la maison.

« Jeanne ! » répéta-t-il. — Un pas lent se fit entendre sur l’escalier, et une lumière éloignée commença à briller sur le mur du corridor.

« Malédiction ! idiote ! Ne pouvez-vous venir plus vite ? »

Encore quelques secondes et une femme grande et svelte, tenant, en le balançant, un lourd candélabre de salon, parut au tournant du corridor.

Une robe légère couvre, sans les cacher, ses formes riches et gracieuses. Une masse de cheveux noir de jais se sont déroulés sur ses épaules. Ses traits noblement dessinés, pâles de la pâleur naturelle d’une brune, offrent des rides prématurées qui disent que ses années ont été doubles par le chagrin ; sa narine délicatement arquée, faite pour frémir au sentiment orgueilleux du pouvoir et de la beauté, paraît avoir tremblé sous les cruelles douleurs de cœur qui ont aussi abattu les coins de sa bouche. Les yeux, largement ouverts, regardent dans le vague, tandis qu’elle s’arrête au tournant et reste silencieuse devant son mari.

« Je vous apprendrai à me faire attendre dans l’obscurité, pâle, idiote, ahurie ! dit-il en s’avançant du pas de l’ivresse. Vous avez de nou-