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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/80

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

C’étaient des doigts bien exercés, car Mme Raynor avait vécu pendant son veuvage en tenant un établissement de lingerie, et avait ainsi gagné de quoi donner à sa fille ce que l’on regardait alors comme une éducation de premier ordre, tout en économisant une somme qui, placée par son gendre, suffisait à la faire vivre dans sa vieillesse. C’était toujours la même vieille dame, soigneusement vêtue de soie noire, patiente, courageuse, se soumettant avec résignation au fardeau de ses tristes souvenirs, et supportant avec une douce force d’âme le poids que lui apportaient les jours nouveaux.

« Votre chapeau a besoin d’être un peu ramené en avant, mon enfant, dit-elle en souriant et ôtant ses lunettes, tandis que Jeanne s’agenouillait devant elle et attendait d’être arrangée, comme à l’époque de son enfance. Tu vas directement chez Mme Crewe, je suppose ? Ces fleurs sont-elles pour garnir tes plats ?

— Non, maman, c’est un bouquet pour le milieu de la table. J’ai envoyé le service du dîner et le jambon que nous avions cuit hier à la maison. Nous aiderons notre bonne Mme Crewe au milieu de ses embarras. Chère petite femme ! Si vous l’aviez vue lever les mains et prier le ciel de la retirer avant qu’elle eût une autre collation à offrir à l’évêque. Elle disait : « C’est bien assez d’avoir l’archevêque, quoiqu’il ne lui faille pas la moitié autant de tasses de gelées.