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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/81

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LA CONVERSION DE JEANNE

Je ne m’en inquiéterais pas, Jeanne, si c’était pour nourrir tous les affamés de Milby ; mais tant de peine et de dépense pour des gens qui mangent chaque jour de leur vie plus qu’il n’est nécessaire ! » Il y a eu tellement à faire, hier, pour nettoyer et meubler le salon ! Rien ne pourra le débarrasser de l’odeur des pipes de M. Crewe, vous savez ; mais nous l’avons dissimulée avec force savon jaune et lavande sèche. Et maintenant il faut que je me sauve. Vous viendrez à l’église, maman ?

— Oui, ma chère ; je ne voudrais pas perdre un si joli coup d’œil. Cela fait du bien à ma vieille vue de voir tant de jeunes et frais visages. Est-ce que ton mari y va ?

— Oui, Robert y sera. Je l’ai arrangé, ce matin, aussi nettement qu’une épingle neuve, et il dit que l’évêque le trouvera de moitié trop lessivé. Je l’ai conduit chez maman Dempster, pour le lui montrer. On nous dit que Tryan s’est assuré de l’appui de l’évêque ; mais nous verrons. Je donnerais ma guinée tordue et tout le bonheur qu’elle me procurera jamais pour qu’il fût battu, car je ne puis souffrir de voir cet homme tourmenter M. et Mme Crewe dans leurs derniers jours. Prêcher l’Évangile, vraiment ! Le meilleur Évangile est celui qui rend chacun heureux et à l’aise, n’est-ce pas, maman ?

— Ah ! mon enfant, je crains qu’aucun Évangile ne puisse faire cela ici-bas.