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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/83

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LA CONVERSION DE JEANNE

tesse de son sort, ne laisserait pas son enfant errer de plus en plus loin dans le désert, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de retour — l’enfant si aimable, si compatissante, si bonne, jusqu’au moment où elle avait été poussée à mal faire par les plus amers chagrins de la femme mariée ! Mme Raynor avait sa foi et ses convictions spirituelles, quoiqu’elle ne fût point évangéliste et ne connût rien du zèle dogmatique ; la plupart des auditeurs de M. Tryan la considéraient comme privée de la science du salut, et je suis sûr qu’elle n’avait aucune idée bien nette sur la justification. Toutefois elle lisait sa Bible avec zèle et pensait y trouver de divines leçons — et y apprendre à supporter sa croix avec douceur et à être miséricordieuse. Espérons qu’il y a une ignorance qui peut sauver et que Mme Raynor était justifiée, sans savoir comment.

Elle essayait d’avoir espoir et confiance, quoiqu’il fût difficile de croire que l’avenir pût récolter autre chose que ce qui avait été semé sous ses yeux. Mais il y a toujours des semences déposées en silence et sans que nous le voyions, et partout viennent des fleurs inattendues. Nous récoltons où nous avons semé, mais la Nature a un amour qui dépasse notre justice, et elle nous donne de l’ombre, des fleurs et des fruits qui naissent sans que nous ayons rien planté.