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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/82

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

— Eh bien, je puis au moins faire quelque chose pour mettre Mme Crewe à l’aise ; ainsi donnez-moi un baiser, et adieu jusqu’à l’heure de l’église. »

La mère se renversa dans son fauteuil lorsque Jeanne fut partie et tomba dans une profonde rêverie. Quand notre vie est une épreuve continuelle, les moments de répit semblent ne faire que substituer le poids de l’appréhension à celui de la souffrance habituelle ; le rideau de nuages semble ne se diviser un instant que pour que nous puissions mesurer son horrible épaisseur pendant qu’il s’abaisse, noir et menaçant, après cet éclat passager. Les gouttes d’eau qui, dans le désert, humectent les lèvres desséchées, ne font que rendre l’altération plus vive. Jeanne a l’air gai maintenant ; mais quelle scène de malheur va-t-il arriver ? Elle est trop semblable aux fleurs de cistes du petit jardin devant la fenêtre, dont peut-être, avec l’ombre du soir, les pétales au blanc délicat et au noir brillant seront foulés aux pieds dans la poussière de la route. Après le coucher du soleil, Jeanne sera là, peut-être, irritée, désespérée, sanglotant sur ses chagrins avec une colère égoïste et le sauvage désir d’être morte.

Mme Raynor avait lu ce qui concerne la brebis perdue et la joie qu’il y a au ciel pour le pécheur qui se repent. Certainement l’amour éternel, auquel elle croyait au milieu de toute la tris-