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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/92

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

la bonté essaye de l’emporter en nous dès qu’elle semble en avoir la moindre chance : les dimanches matin, peut-être, quand nous sommes délivrés de la presse incessante de la semaine et qu’au déjeuner nous prenons sur nos genoux le petit enfant de trois ans pour lui faire partager notre œuf et notre chaudelait ; dans des moments de chagrin, quand la mort visite notre maison ou que la maladie nous rend dépendants des soins délicats d’une épouse ; en parlant à une mère âgée des jours où nous nous tenions appuyés sur elle avec notre premier livre d’images, ou que nous lui écrivions de tendres lettres de notre pensionnat. Dans la mémoire de l’homme dont l’enfance a connu des caresses, il y a toujours une corde qui peut vibrer en sons agréables, et M. Dempster, que vous n’avez vu jusqu’à présent que comme l’orateur du « Lion-Rouge » et comme un tyran ivre, lors d’une effrayante nuit, dans sa demeure, était le premier-né d’une fraîche petite mère. Cette mère vivait encore, et son grand fauteuil noir, où elle était assise à tricoter toute la journée, était maintenant placé pour elle à la table du déjeuner, à côté de son fils, où un maigre chat couleur d’écaille de tortue l’occupait provisoirement.

« Bonjour, petite mère ! vous paraissez aussi fraîche qu’une pâquerette, ce matin. Vous redevenez jeune », dit M. Dempster en quittant des yeux son journal, lorsque la petite dame