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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/99

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LA CONVERSION DE JEANNE

les pommiers avaient eu le temps d’étendre leurs branches au large ; les buissons et les plantes annuelles s’étaient développés avec une abondance qui nécessitait une taille continuelle pour les empêcher d’empiéter sur l’espace réservé à la promenade. Mais l’extrémité qui rejoignait les prairies était ouverte et recevait les rayons du soleil.

C’était presque triste et cependant joli à voir, que ce petit groupe passant de l’ombre aux rayons du soleil et rentrant de nouveau dans l’ombre : triste, parce que cette tendresse du fils pour la mère n’était guère qu’un point de vie saine dans un organe envahi par la maladie, parce que l’homme relié par ce moyen à un passé innocent s’était endurci dans la mondanité, enflammé par la sensualité, rendu esclave des entraînements ; c’était joli, parce que cela montrait combien il est difficile d’extirper les profondes racines de l’amour humain et de la bonté, et comment l’homme, tout orgueilleux que nous le trouvons, conserve encore une fraternité rapprochée avec quelqu’un de nos sentiments les plus sacrés.

Comme ils rentraient à la maison, Jeanne vint à leur rencontre. « Robert, dit-elle, tout est prêt pour écrire. Je serai votre secrétaire, et Mat Paine pourra copier après. »

Une fois la petite mère réinstallée dans son fauteuil, son tricotage en main, et le chat faisant