Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/116

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— Qu’on me pende, mais pensez-vous qu’il soit bien raisonnable de renverser l’ancienne médecine qui a fait les Anglais ce qu’ils sont ? observa M. Standish.

— La science médicale est restée jusqu’ici parmi nous à un degré bien inférieur, dit M. Bulstrode qui parlait d’une voix faible et avait l’air maladif. Pour ma part, je salue avec joie l’arrivée de M. Lydgate. J’espère trouver de bonnes raisons pour confier à ses soins le nouvel hôpital.

— Tout cela est bel et bien, dit M. Standish, qui n’aimait pas beaucoup M. Bulstrode ; si vous tenez à ce qu’il fasse ses expériences sur les malades de votre hôpital, et à ce qu’il tue quelques personnes par charité, je n’y fais pas d’objection. Mais je n’ai aucune envie d’ouvrir ma bourse pour que l’on tente des expériences sur ma personne, j’aime les traitements dont on a déjà fait l’épreuve.

— Je serais, quant à moi, satisfait de n’importe quel traitement qui me guérirait sans me réduire à l’état de squelette, comme ce pauvre Crainger, dit le maire, M. Vincy, homme florissant qui eût pu poser pour une étude de chair en contraste frappant avec le teint de moine franciscain de M. Bulstrode. C’est une chose particulièrement dangereuse que de rester exposé sans aucune ouate pour vous garantir, aux atteintes de la maladie, comme l’a dit quelqu’un et je trouve cela absolument vrai.

M. Lydgate s’était retiré de bonne heure, et il eût trouvé cette soirée parfaitement ennuyeuse, sans la nouveauté de certaines présentations, et en particulier sans la connaissance qu’il venait de faire de miss Brooke. Sa brillante jeunesse, son mariage prochain avec un vieil érudit fané et l’intérêt qu’elle prenait aux questions d’utilité publique donnaient à cette jeune femme l’attrait piquant d’une réunion de qualités assez rares à rencontrer.

— C’est une généreuse créature que cette belle jeune fille, mais un peu trop sérieuse, pensa-t-il. Il est fatigant