Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/130

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à laquelle ne mène aucun chemin tracé ; la petite porte et la clôture grise sur la lisière du bois profond ; la cabane éloignée avec son vieux chaume moussu, où la lumière et l’ombre se jouent en étranges ondulations.

La route était excellente, les chemins de traverse également ; Lowick n’était pas une de ces paroisses pleines de sentiers boueux et de tenanciers pauvres ; et c’était dans la paroisse de Lowick que Fred et Rosemonde entraient après une course à cheval de deux milles ; un autre mille devait les amener à leur but. Ils n’en avaient pas fait la moitié que déjà la maison de Stone-Court apparaissait semblable à un château de pierre arrêté dans sa croissance, au moment où il allait s’achever, par un groupe de bâtiments de fermes qui l’avaient réduit à n’être autre chose que la solide demeure d’un propriétaire rural. Ils distinguèrent bientôt sur la terrasse, devant la porte d’entrée, un objet semblable à un cabriolet.

— Grand Dieu ! s’écria Rosemonde, pourvu que nous ne trouvions pas chez mon oncle quelque visite désagréable.

— Il y en a précisément une ; car voici le cabriolet de mistress Waule, le dernier survivant de tous les cabriolets jaunes. Quand j’y vois mistress Waule, je comprends que le jaune ait été porté autrefois comme couleur de deuil. Ce cabriolet me paraît plus funèbre qu’un corbillard. Mais aussi mistress Waule a toujours du crêpe noir. Comment fait-elle donc, Rosy ? Elle ne peut avoir constamment des amis qui meurent.

— Je n’en sais rien du tout, et elle n’est pas évangélique le moins du monde, dit Rosemonde gravement, comme si cette qualification eût justifié un crêpe perpétuel ; ni pauvre non plus ! ajouta-t-elle après un moment de silence.

— Non, par saint Georges Ils sont tous riches comme des juifs, ces Waule et ces Featherstone ! pour des gens comme eux, s’entend, qui n’ont pas de besoins. Et pourtant